Le Conte d'hiver

The Winter's Tale

 

        Affiche   

               Vingt-cinq élèves de la Section Britannique du Lycée Grand-Air ont répété depuis le mois de septembre tous les mercredis après-midis pour préparer les deux représentations de la tragi-comédie The Winter's Talede William Shakespeare, jouée entièrement en anglais, le 18 et le 19 mars à la MJC de La Baule, et cela pour notre plus grand plaisir. Merci à eux et à leur professeur, Mme Helena Blasco, qui a dirigé la mise en scène de la pièce assistée par Mme Lucie Baudin.2 En répétition

The Winter's Talea été joué pour la première fois probablement en 1611. Shakeaspeare s'était inspiré librement pour l'écrire d'un roman pastoral de Greene, Pandosto or the Triumph of Timeparu en 1588. Il en conservé l'intrigue et les personnages, mais s'est attaché à mettre en valeur la réconciliation finale, particulièrement émouvante dans ce spectacle présenté par les lycéens.

Le titre suggère un conte comme ceux que l'on fait l'hiver au coin du feu. Il prévient que les éléments romanesques de la pièce sont, en quelque sorte, le cadre imaginaire et poétique d'un propos plus sérieux. Et ce n'est pas le moindre tour de force de ce spectacle que d'avoir réussi ce délicat mélange des tons et des registres.

Les jeunes acteurs sont remarquables. Il faut tous les citer car chacun a réussi à donner vie à son - ou ses – personnages à commencer peut-être par le jeuneOliver Laillé, élève de sixième, qui joue avec fraîcheur le rôle de Mamilius, innocente victime du délire jaloux de Léontès. Le moment où l'esprit malade du roi bascule est interprété avec finesse par Jasper Eaton, qui rend crédible cette folie brutale et dévastatrice autant que le repentir de son personnage à la fin de la pièce. La grâce – et il faut prendre ce mot dans les deux sens qu'il a en français (charme et miséricorde) - de la Reine Hermione et sa dignité sont rendues sensibles par l'émouvante Cloé Parent, entourée par ses suivantes attentives, Léane Gaury, Corine Chancerel, Laeticia Garbaccio et Célestine Denèle - qui sera aussi la jolie Mopsa,4 En costumes une bergère tout comme la pétillante Dorcas, jouée par Manon Sauteron. La sage Paulina, aussi sérieuse qu'efficace est incarnée par Caroline Lemarié. Le Roi Polixenes, troublé par les événements qui bousculent sa vie et ses affections, est joué avec retenue par Olivier BlascoWillian Bruch s'est glissé sous la masque du bon Camillo, le serviteur ému par le malheur de ses royaux maîtres. Le lumineux et charmant couple d'amoureux, qui va relier la composante pastorale de la pièce à son cycle tragique, est idéalement représenté par Selena Chalet dans le rôle de Perdita et Julien Dersy dans celui de Florizel. Il faut saluer la performance de Benjamin Smith qui, en Vieux Berger, réussit à nous faire croire à ses quatre-vingt-trois ans, tandis que le Jeune Berger (le Clown), Charlotte Coyle, garde toute la vivacité du rôle. C'est Pierre-Arthur Michaud qui, dans le rôle d'Antigonus le dévoué sera dévoré par un ours, tandis que s'enfuit son compagnon, le Marinier Romain Grizaud. Les gentilhommes, Cléoménés (Pierre Thierry), Dion (Kenzo Szyjan, qui joue aussi un serviteur du Berger), Archidamus (Matthieu Gaborit), jouent avec conviction la consternation et5 Final l'inquiétude devant les comportements royaux. Le joyeux talent de Matthew Coyle et sa décontraction font merveille dans le rôle du voleur musicien et charmeur. Enfin, le chœur du Temps est représenté par deux jeunes actrices somptueuses dans leurs robes aux tons chauds, Kaohsiung Dlamini etTaipei Dlamini, qui rappellent le double visage du temps, joie et terreur, bonheur ou épreuvejoy and terror, good and bad...

Mais qui donc s'était glissé sous la peau de l'ours ?


Tous les acteurs ont montré une belle maîtrise de la langue de Shakespeare qu'ils projetaient avec clarté.

Un accompagnement musical à la flûte traversière a été joué avec légèreté, allégresse et talent par Louison Lérein. Bravo à tous les danseurs pleins d'entrain : Pauline Baudu, Selena Chalet, Charlotte Coyle, Célestine Denèle, Julien Dersy, Jasper Eaton, Laeticia Garbaccio, Romain Grizaud, Bryoni Hird, Pierre-Arthur Michau, Manon Sauteron, Pierre Henry.

Les décors, très simples, étaient suggestifs et adroitement utilisés, un cube devenant estrade, trône, banc, piédestal. Les fleurs associées au monde champêtre des bergers ont pu symboliser la beauté et la pureté de cet univers où règnent la spontanéité et la nature. Cette atmosphère printanière a ainsi préparé le renouveau à la cour une fois le pardon accordé. Une mention spéciale est à réserver aux éclairages mis au service de l'action dramatique et du jeu des acteurs de façon très précise.

Cette belle réussite ne peut qu'anticiper pour les élèves celle de l'OIB (Baccalauréat) qui exige une très bonne connaissance de The Winter's Tale.

 

La pièce a fait passer les spectateurs de la désolation glacée causée par la fureur meurtrière de Léontès à l'apaisement final, promesse de renaissance. La durée du spectacle s'est écoulée comme un rêve et le public a chaudement applaudi la jeune troupe et son professeur, Mme Blasco.

6 Bravo

Merci à Philippe Sauteron pour les photos !                    N.R.